« In a controversy, the instant we feel anger, we have already ceased striving for the truth, and have begun striving for ourselves. »

Il la tenait. Il savait. Fin connaisseur, déréglé dans ses propres sentiments humains, ce peu de relations qu'il conservait, il savait, il comprenait la peur, la terreur de l'âme de trop grande véracité. Comme une inconnue, comme n'importe qui, il l'avait prise, de cette manière contournée. Dean se jouait d'elle: il n'avait rien à perdre, si ce n'était que de perdre le peu de crédibilité qu'il lui restait. Derrière son masque dépassé, empli d'airs dandy, de sentiments noirs, d'émotions tranchantes, il touchait de plus en plus le fond. Il s'amenait vers ces propres démons, dans l'infinie spirale de ses voyages édulcorés, de ses rêves préprogrammés. Il se droguait, doucement, avec toute la haine qui lui permettait de ne plus exister, de mourir tranquillement, de manière délicieuse.

Pour conclure leur entente, Dean avait laissé un mot, au pas de la porte où elle vivait, cherchant peut-être à doucement la hanter, l'apeurer de la plus subtile façon sans la menacer ouvertement. Il lui avait donné rendez-vous, cordialement, sans plus de mots que cela lui exigeait. Sur un papier déchiré, de son écriture un peu trop soignée, mais d'une grossièreté et d'un mal sans détours, il avait marqué la date et l'heure, lui priant d'apporter la marchandise pour son silence.

Pourtant, il la savait intelligente, mais peut-être moins habile avec des personnalités aux âmes aussi silencieuses et meurtrières, sans pitié. Désarmant, il arrivait à l'heure convenue, dans ses tenues sans âge, sombres, sobres. Il cherchait la silhouette de la brune empreint d'une sensualité calculée. De ses yeux d'un cyan glacial, il voyait ses membres en lutte, en position défensive, ses cheveux d'ébène réfléchir les quelques lumières tamisées du bar. Détenant le pouvoir trop fort de la vérité, il s'approchait doucement, dans ces milles visages, plein de pensées malsaines, d'un visage aigre, aux traits de garçon éternel, d'un cœur qu'il faisait restrictif, enfermé dans lui, entre ses yeux hagards, brillants d'une lucidité du présent et d'une âme qui vivait dans le passé.

Dean l'approchait, poignard dans la poche de son manteau trop long, s'asseyant en diagonale d'elle, de son visage, de sa haine, de son malheur qu'il s'appropriait pour demander plus de luxure qu'il lui aurait fallu pour se tuer. Poliment, discrètement, il faisait signe au barman. Et, d'un léger coup de tête, il la laissa commander ce qu'elle voulait, lui se contentant d'un rhum un peu trop fort, qui lui brûlerait la gorge, qui aciérait ses paroles.

Tournant la tête vers cette dernière, dans ce bar miteux, ils formaient un duo des moins conventionnels, les deux vivant pour différentes raison. Malgré cette supériorité que Hamilton détenait, il ne jouait pourtant pas avec le feu: il se permettait de prendre sa place au deuxième rang, presque galant, d'une manière charmante, glauque. Dans l'ombre de l'action, dans son ombre à elle, il se savait lui-même, moins désarmé de trop d'humanité, de contacts fracassants contre ses gens du soleil, un peu trop souriants. Il se savait mieux camouflé dans ce cadavre qu'il constituait, en chute libre. Faiblement, sa voix toujours empreinte d'un exotisme froid, de murmures presque agonisantes, trop douces, il commença, un faux sourire recouvrant ses lèvres serrées:

« Je n'ai pas voulu vous faire peur, l'autre fois... »

Recevant leurs commandes, il trinqua sans cérémonie, sans aigreur ni sympathie, la liqueur incolore s'endossant dans son gosier souillé. Il voulait s'excuser de s'en être tenu, la dernière fois, à la suivre, peut-être à l'avoir effrayé, d'avoir trouvé l'immeuble où elle vivait, où il avait ensuite laissé le message concis, suite à une trop brève altercation, à la sortie de l'hôpital. De son corps frêle, faible, il cachait ce caractère tranchant, plein d'une mélancolie qui le détruisait, ses états d'âme, les autres, et lui avec ses passions inachevées, d'une douleur sans précédant, sans limites, contre lui, contre les autres.

Continuant son discours sensiblement, plein d'une subtilité délicieuse, le britannique continua, se reprenant, effleurant son regard de ses iris plein d'un mystérieux charme, mal dosé, mal calculé.

« La dernière chose que je voudrais, ce serait de vous voir apeuré... Vous avez apporté le nécessaire? »

« Just gonna stand there and watch me burn Well that's alright because I like the way it hurts Just gonna stand there and hear me cry Well that's alright because I love the way you lie I love the way you lie »

Assise en tailleur sur le lit, j'observais le spectacle grandiose du paysage qui s'offrait à moi . Là juste derrière la fenêtre close . J'étais épuisée, mais ne parvenait pas à retrouver la chaleur et la sécurité des bras de Morphée. Trop de songes m'encombraient l'esprit .Et, j'étais bien incapable de les occulter, ou de les effacer complètement. Dean en était le plus haut responsable . Lui , n'attendait qu'une seule chose de moi . Et ce n'était pas pour me déplaire . Car moi je n'attendais rien de lui , mise à part son silence . Derrière mes cernes victimes de mes nombreuses nuits blanches se cachait la folle excitation de cet étrange complot. . Mes mains vinrent à se joindre , mes lèvres se déplièrent , et je priais Dieu de protéger le secret du péché que je commettais à ses côtés . La douceur de la mélodie que sifflotait mon portable m'apaisait subitement l'esprit . J'avais peur . Du moins , j'avais peur de Dean . Ce personnage me semblait peu rassurant .


A cette heure si tardive de la nuit , je n'attendais personne. Pourtant j'entendis des pas pressé derrière ma porte d'entrée . Prise au dépourvue je ne bougeais plus . Mon coeur semblait battre en sourdine derrière ma poitrine . J'attendis que la personne qui faisait ce chahut s'empresse de partir pour aller ouvrir la porte . En baissant les yeux , je remarquais la présence d'un bout de papier juste à mes pieds . Je m'empressais de le prendre et de le lire . La sinistre écriture fit naître en moi un frisson de peur . La lettre n'était pas signée et l'expéditeur n'y était pas inscrit . Mais il s'agissait bien de Dean qui réclamait sa marchandise en échange de son silence .

Je vins à enfiler une veste par dessus mes vêtement et je déambulais dans les couloirs de l'immeuble afin d'en sortir le plus rapidement possible . Je me rendis au lieu exigé dans la fameuse lettre et m'approchais de Dean après l'avoir trouvé . Il m'annonça non loin du creux de mon oreille qu'il n'avait pas voulu m'effrayer l'autre fois . Il faisait référence à la lettre déposée devant ma porte . Je restais silencieuse . Le contredire ne serait que mensonge . Une cigarette une creux de mes lèvres je ne cessais de tirer sur le tabac . Mes yeux étaient figés sur un ivrogne non loin de nous qui réclamait une boison alcoolisé avec fermeté .

Après quelques minutes de silence qui parurent durée une éternité , le jeune britannique se décida à m'adresser que de simples mots . Il m'annonça que la dernier de ses souhaits était de m'effrayé , et me demanda si j'avais ce qu'il désirait . Je posais mon regard voilé d'incompréhension et de frayeur dans le sien et sortie de ma poche un sachet orangé dans lequel se cachait de nombreux produits illicites .

« Je suppose que vous voulez parlez de ceci ? »

Dans le ton de ma voix on pouvait certainement voir que je tentais aisément de le narguer en mettant ce qu'il désirait juste sous ses yeux . Et c'était le cas. Mais ce petit jeu ne fut qu' éphèmère puisque je lui tendis de ma main droite .

« J'espère avoir le droit a votre silence en échange .»


Dans le fond je savais que je n'avais aucun soucis à me faire quant au fait qu'il ne me trahirais pas . C'était un homme de confiance même si j'en doutais parfois . La sinistre ambiance des lieux fit monter en moi une certaine peur que je ne pu dissimuler . Je n'étais pas rassurée et c'était difficile de le cacher . Une fois ma cigarette terminée je vins à cacher de mes mains un bâillement qui décrivais parfaitement la fatigue et le stress que j'avais pu endurer ses derniers temps . Je n'étais vraiment plus consciente de mes actes . Mais si il ne respectais pas le silence promis , il en valait de mon avenir dans la médecine . Et il le savait , il ne se privait donc pas d'en jouer . Mes mains vinrent à trembler sans que je vins à m'en apercevoir . Tout ce complot m'effrayais et il le savait ...